Il y a des espaces que je trouve glacés. De ceux qui ne sont pas investis, pour de multiples raisons, ou qui le sont, mais restent résolument dépouillés pour éprouver le minimalisme et l’ordonné, sans superflu.
Je respecte cette idée que moins l’encombrement est présent dans un lieu de vie, plus l’esprit peut est calme et soulagé, le temps disponible ainsi occupé à s’attacher à d’autres impératifs que le ménage, la recherche de ce qui devient vite introuvable au cœur d’un océan d’objets et le dépoussiérage de ce qui s’infiltre dans les moindres recoins des espaces pourtant surchargés.
Mais ce froid là, ce dépouillement tranquille vers lequel vont certains choix d’ameublement ou de décoration m’effraie, amène rapidement au cœur de mes émotions le sentiment que rien ne peut réellement s’offrir en terme de chaleur, de générosité et d’enveloppement serein, rien n’est véritablement ouvert, tout n’est finalement que curieuse transparence où le défaut absolu d’attachement « matériel » définit peut-être pour moi une forme de détachement humain…
Un peu de « pas trop », mais pas trop de « trop peu » correspondrait davantage aujourd’hui à ma façon de rendre un espace accueillant. A trop vouloir se détacher de la chaleur d’un lieu pour revendiquer une certaine liberté de présence ou d’action, je craindrais d’en oublier le plaisir de recevoir et d’aimer…
Je m’attache donc à tenter de concilier deux tendances : le chaleureux et l’ordonné. Au sens ou je conçois personnellement ces deux notions, bien sûr. Je ne prétends rien d’autre.
Vider une maison pleine et remplir une maison vide, ce sont deux sortes d’épreuves auxquelles l’année passée m’a confrontée. La maison de mes parents étaient pleine, comme peuvent l’être toutes les maisons de l’enfance, toutes celles qui nous ont vu grandir, changer, murir, pleine d’objets divers et de souvenirs, de parfums, de couleurs et de présences diffuses.
La maison qui m’a accueillie était vide, vide des meubles et des objets qui l’avaient habillée. Elle n’offrait que sa haute présence lumineuse, traversée sur deux étages par de lourds escaliers en pierres, ouverte sur toutes ses faces par des fenêtres de caractère, nourrie par les rayons du soleil tout au long de la journée, mais qu’il faut investir, rénover, meubler et décorer avec un tout petit budget.
Depuis presqu’un an, je réfléchis à chaque pièce, au chaud que j’ai envie d’y insuffler et au froid qui peu à peu déserte les espaces prenant vie…
Tous les meubles et objets qui viennent réchauffer l’âme de cette maison sont chinés, parfois loin de mon lieu de vie, comme les six chaises dépareillées que j’ai été chercher un 15 aout pour quelques euros le lot, m’égarant faute de GPS sur les chemins de traverse de manière à éviter le rush noir de cette journée.
Au fil des mois, au fil des belles rencontres qui me font parfois venir chercher un meuble et repartir avec trois autres, l’espace s’enrichit de couleurs, de contrastes, de matières, les objets prennent leur place, la chaleur se diffuse. Et l’on se sent bien…
4 Commentaires
Je cois que c’est nous qui donnons une âme à notre maison. Moderne, ancien, meublée de moderne, de vieux ou d’ancien, c’est le cocon qui se forme.
J’ai un trè vieux et ancien vaisselier que mes grands parents avaient récupéré dans l »étable de ceux qui l’ont créé au fil de générations sans radio ni télé. Il voisine une bibliothèque du Printemps et des étagères en kit + un meuble à plans créé chez un menuisier. Et l’ensemble est un cocon parce que mon âme et mes souvenirs y sont.
Je crois qque tu saurais donner une âme à un appartement d’une tour de la Défense. C’est ta vie qui fait la maison.
Mais tes photos sont chaleureuses et consolantes. C’est bien !
Katia : on donne une âme aux lieux avec le cœur je pense. Et tu as raison, c’est notre vie qui fait de l’espace où nous vivons quelque chose qui nous ressemble.
J’ai besoin de la chaleur de cet espace. Le dénuement de tout confort et de tout esthétisme m’effraie et m’angoisse.
Même avec le très petit budget qui est le mien, en chinant, en détournant les objets, en les récupérant parfois en passe d’être jetés, j’espère rester toujours attachée à un minimum de confort, pour être sûre que je peux encore recevoir ceux que j’aime, et me sentir entourée façon cocon lorsque je suis seule… C’est sans doute très primitif tout cela… Très ancien…
Je t’embrasse.
Ce n’est pas primitif. C’est au contraire hautement civilisé.
Je t’embrasse aussi.
Katia : primitif pour moi signifie ici « originel ». Un retour au sources en quelques sortes…