Depuis des mois, notre souffle est au ralenti, et le masque n’en n’est pas la seule cause… La vie a pris un rythme inattendu, étriqué par bien de aspects, et les rencontres culturelles, le cinéma, les verres, déjeuners et diners en terrasses me manquent aujourd’hui cruellement…
Même si ces temps étranges sont souvent empreints d’un calme et d’un silence apaisant tout autour de mon espace de vie, j’adorerais prendre un bain de foule, de sourires, respirer sans entrave et retrouver le visage des passants inconnus dans toute leur complétude… Ce sera je l’espère pour bientôt…
Depuis un an, la vie a changé…
Et ma vie a changé…
Un besoin avide d’indépendance et de liberté s’est ancré en moi et si ces valeurs cheminaient déjà dans mon esprit depuis quelques années, elles sont aujourd’hui le socle absolu de mon équilibre et de ma paix intérieure. Le confinement y a sans doute contribué, mais pas seulement…
J’ai mis la cuisine sur pause et la terre a rempli mon espace, consacrant une grande partie de ce que j’aime dans la création. Une matière, un contact, une sensualité, un abandon, un recentrage…
Depuis novembre dernier, j’ai intégré une école de céramique et je prépare mon CAP de tournage en candidat libre pour le mois de juin. Inlassablement, pendant des heures trois jours et demi par semaine, je répète les mêmes formes…
Dessin technique tout d’abord, compréhension et ressenti du geste, puis une pièce, deux, dix, trente parfois, jusqu’à ce qu’elle soit intégrée. Il m’arrive de me remettre sur mon tour à peine rentrée chez moi pour retrouver cette harmonie, cette paix intérieure qui me porte au contact de la terre…
Je passe un temps infini à tourner, avec passion, même si le modelage reste et restera mon approche préférée de la terre, ludique, primitive, brute, presque charnelle.
Et puis, une autre passion m’a chaviré l’âme et le cœur l’année dernière… L’apiculture m’a abordée sans crier gare et j’ai découvert avec émotion l’univers fabuleux des abeilles… Le confinement a limité l’apprentissage de mes cours mais cette année, ils ont repris depuis le mois de février , et j’apprends, au fil de mes entretiens avec les professionnels aguerris qui m’enseignent et les passionnés bienveillants qui m’entourent…
J’apprends, mais je reste surtout très humble et discrète auprès de mes deux colonies d’abeilles que je couve souvent du regard… Je lis. J’observe. J’écoute….
Ouvrir une ruche avec calme et délicatesse, c’est pénétrer une alcôve secrète, à la fois grouillante mais paisiblement organisée, pleine d’odeurs, de couleurs, de hiérarchie codifiée.
Si au tout début de ma formation, j’avais une certaine appréhension et un certain stress à l’idée de visiter mes ruches, j’ai depuis abordé suffisamment de problématiques pour être beaucoup plus confiante et pour autant, toujours très respectueuse de ces travailleuses infatigables à qui je ne souhaite pas prendre le miel. Ce qui me passionne, c’est de les voir revenir à la planche d’envol chargées de pollen, observer les soleils d’artifice qui se succèdent les après-midi lorsque la température est clémente et me faire minuscule lorsque j’ouvre occasionnellement la ruche pour m’assurer que tout va bien, traiter contre le varroa lorsque c’est nécessaire et m’assurer des réserves avant l’hiver pour ne pas que mes abeilles souffrent de famine…
J’ai pour elles une tendresse particulière, un attachement empli d’un respect profond. Cela peut surprendre certains, mais pour ma part, ce serait plutôt le contraire qui me surprendrait…
Les travaux au creux de ma maison de village Gardoise se poursuivent, au gré du temps qui me reste et au rythme des libertés possibles…
Après quelques années de travail acharné, certaines pièces prennent forme et embellissent. Ici, deux tableaux de ma mère qui me la rappelle souvent… Cette maison lui aurait plu, pour sa lumière, ses couleurs et sans doute son aura, car elle en a une… Tout le monde le dit…
Mon cœur est aujourd’hui investi dans cette maison mais peut-être s’investira t-il ailleurs un jour, le temps de passer le flambeau à qui tombera comme moi amoureux de ces lieux. C’est à cette unique condition que j’oserai poursuivre ma route vers un autre espace, en fonction de ce que réserve la vie. Et la liberté.
Enfin, je retourne régulièrement en Bretagne ou je suis accueillie avec une bienveillance rare. Un an et plusieurs voyages déjà entre deux périodes de confinement, pour partager émotions, confiance et souvenirs au creux de la douceur des belles âmes.
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