Depuis quelques mois, va vie est émotionnellement bousculée par la souffrance d’un proche. Et je suis une éponge.
Mon armure en métal si solide lorsqu’il s’agit d’être dans l’action et de protéger les miens se transforme en étole de coton lorsque je me retrouve seule face à moi-même et au flux de ce qui me parvient.
D’où mes billets plutôt mélancoliques ces derniers temps..
D’où une nette rupture dans la régularité de mes publications..
D’où mon retard à publier les plannings des prochains ateliers…
Si certains savent que, malgré ce, je tache de tenir le cap, d’autres savent qu’il suffit d’un mot, d’un sourire, d’un geste pour que je m’effondre comme une petite fille. Et tout ce qui fait de moi ce que je suis… avec…
Parce que la souffrance en question est aussi la mienne. Parce qu’elle fait partie d’un passé commun. Parce qu’elle trouve ses racines dans les mêmes absences, les mêmes silences, les mêmes questions.
Mais. Toute petite, je me suis inventée mes passagers secrets, mes bienveillances. J’ai appris à écouter, à observer et à projeter une vie différente ou mes rêves prendraient de la place. J’ai décidé de mettre des couvercles sur les marmites au contenu trop bouillonnant et de ne plus les ouvrir.
Chacun ses méthodes, chacun ses techniques, chacun sa manière d’avancer. Il n’en demeure pas moins que les cicatrices sont là, et qu’il vaut mieux éviter de gratter trop longtemps…
La cuisine, c’est le reflet de mon âme. Elle me permet autant de m’évader que de partager. Elle m’offre une part de rêve, elle concentre mon attention, elle me permet de me relier aux miens, à ceux que j’aime, de partager en atelier ce que je souhaite offrir, sans prétention et sans fioriture. Elle me fait du bien.
Cependant, si le lien ne se fait pas lorsque mes pensées sont ailleurs, si je reste suspendue au mental sans parvenir à lâcher prise, je rate ce que je fais. Complètement.
Insipide.
Pas joli.
Pas bon.
………
Et puis il arrive qu’au centre de mes ondes de choc, comme pour en atténuer les échos, quelque chose s’infiltre parfois. Ce peut être un instant à contempler le jardin en pleine conscience, prendre le temps de respirer pour m’apaiser, sentir la douce chaleur d’Holly à mes pieds, son souffle régulier, observer ma fille du coin de l’œil et la trouver grandie, avec des gestes plus assurés, étonnamment plus mature, plus complice.
Ce peut être aussi un simple présent, une attention inattendue, un agréable rappel à certains souvenirs d’enfance…
Voilà. Un magnifique plateau de figues offert hier par un collègue, un ami, qui se reconnaitra à la lecture de ces lignes, s’il passe par là un de ces jours.
Parce qu’il sait que les choses ne sont pas simples en ce moment, il a eu cette attention. Et sans le savoir il m’a ramené des années en arrière.
Les années ou je disparaissais dans la colline de Grézac durant des heures, ou je me racontais des histoires et ou je pistais les chasseurs pour effrayer le gibier avant leur passage, sans réaliser un instant le danger de tels jeux.
Les figuiers, il y en avait plein ! Les branches ployaient et je grimpais dans les arbres pour dévorer les fruits sucrés à point, même ceux que les oiseaux avaient piqué, jusqu’à en faire une overdose.
Les figues, c’est mon ami d’enfance avec lequel je parcourais les champs de maïs en galopant comme une folle, jouant dans les carcasses de voitures abandonnés par les agriculteurs du coin, nous régalant d’un goûter de fruits sauvages ramassés au gré de nos escapades. Ce sont des parfums, des émotions, des images d’une vibrante intensité.
Alors merci mille fois, Seb, pour cette part de saveurs et de souvenirs qui, hier, m’a fait tant de bien !
A peine rentrée, j’ai trié les fruits les plus mûrs pour une confiture de figues au noix (qui arrive) et j’ai gardé les autres pour une recette réalisée un peu au hasard hier, alors que je préparais des pains pita garnis pour la famille.
Je m’étais fait pour ma part une assiette de chou rouge en fine tranches agrémentée d’une simple sauce au yaourt. Et j’y ai ajouté de la figue. Et j’ai trouvé ça sublime !
J’adore le sucré salé, et l’idée d’une salade de chou pleine de peps m’a taraudée toute la nuit. Un truc qui bouscule un peu les papilles et les émotions. Un truc simple, mais pétillant !
Bon, j’en ai même fait un peu trop mais ça ne fait rien ! A vous d’avoir la main légère ! 😉
Pour 6 personnes :
1 chou rouge
5 figues pas trop mûres
1 petit oignon blanc
1 petit bouquet de coriandre
Quelques brins de pourpier (facultatif)
1 morceau de gingembre frais
1 cuil à café de sucre
Sel
2 yaourts à la Grecque
Commencer par émincer finement le chou bien rincé au préalable, à la mandoline.
Couper 4 figues fraiches (non traitées, on garde la peau !) en dés de taille moyenne.
Ciselez la coriandre.
Rincez et effeuillez le pourpier.
Pelez la racine de gingembre et râpez la de manière a obtenir une cuillère à café de produit râpé.
Tranchez très finement de jolies rondelles d’oignon.
Disposez dans un saladier le chou rouge, le pourpier, les dés de figues et la coriandre ciselée. Saupoudrez de sucre et d’un peu de sel.
Mettre le yaourt dans un bol et ajouter le gingembre râpé. Ajoutez à la salade et mélangez délicatement.
Servez dans de jolies verrines ou dans des assiettes individuelles et disposez quelques tranches fines de figues sur le dessus.
Pas de poivre, le gingembre se charge de pimenter le tout !
A proposer, pourquoi pas, au cours d’ un menu aux accents orientaux.
Voila. C’est tout simple, c’est diététique (pas de matière grasse ajoutées), ça fait voyager les papilles et l’esprit avec. En tout cas, moi, ça m’a fait du bien !
Et partager avec vous le chantier de mes émotions de l’instant aussi…
Bonne journée à tous…
6 Commentaires
Bonjour,
La vie nous réserve bien des épreuves,certaines nous renforcent ,d’autres nous affaiblissent. A nous de les vivre du mieux possible .
Cathy
Chouette cette salade…
Vos mots me touchent. Les miens malheureusement ne sauraient apaiser votre souffrance. Malgré çà, sachez que cuisiner avec vous m’a fait beaucoup de bien et m’a permis de panser certaines de mes blessures. En attendant des jours meilleurs, essayez de prendre soin de vous et cultivez cet amour de la cuisine que vous savez si bien transmettre.
Je pense bien à vous.
Peggy
A mon tour d’être touchée par les vôtres Peggy… Et Merci de ces pensées qui me vont droit au cœur…
Je suis complètement conquise
Belle journée
Valérie.
Oh ! comme je vous comprends… je crois… la vie est tellement cruelle et vous bouscule le coeur, les pensées… petit bonheur de vous lire… chaque fois que vous publiez… les passions aident à relever la tête et vous occupent l’esprit quelque temps…
mais la réalité demeure… le temps passe… et l’on se sent un peu plus fort…marie-josé