Je suis en mode « tortue ».
Pas celle de la Nouvelle Star, car si j’avais de la voix, je passerais mon temps à chanter gaiement pour occuper mes journées et charmer mes délicieux pitbulls.
En mode tortue à carapace, celle-là même qui mets deux heures à se déplacer lorsqu’elle le décide. Celle-là même qui se planque dans sa vaste demeure si la moindre ombre inquiétante surgit dans son périmètre visuel direct…
La carapace ne me sied pas si mal que ça par ailleurs. Elle me permet de passer relativement inaperçue dans mon superbe pyjama dépareillé dans lequel j’erre depuis quelques semaines, de cacher ma chevelure devenue hirsute depuis qu’elle se fait « brusher » quotidiennement par mon tendre canapé et de ne pas mettre le nez dehors lorsque je sens mon humeur osciller entre vinaigre d’alcool et piment de Jamaïque.
Ah qu’il est ABSOLUMEEENNT INSSSUPOOOORTABLEEEEEUUU de rester des journées entières à couper la moindre action en 250 petites parties, genre dessin-animé, vous voyez…
Dessin 1, je me lève.
Dessin 2, j’avance une patte.
Dessin 3, j’avance l’autre patte.
Dessin 4, je tend la main.
Dessin 5, j’attrape un verre.
Dessin 6, le pitbull rapplique. (Déjà)
Dessin 7, le pitbull me chope le mollet. (Pendant que l’eau coule dans le verre et que mon visage porte, à peu de chose près, la même expression que celle d’un marathonien au 42ème kilomètre )
Collez tous les petits dessins ensemble et lancez l’animation : OUUAIIIS, c’est hyper vivant, hyper dynamique ! Ça bouge bien !
Bon, ben des petits dessins animés comme ça, j’en fait 800 par jour. Pour boire un verre, pour attraper un bouquin, pour répondre au téléphone, pour me brosser les dents etc etc…
Ce que je ne vous ai pas dit, c’est que pour cuisiner, même des crêpes au chocolat, même un petit cake à la banane, même une banale poule au pot, mon dessin animé est en 3 volumes de 392 pages…
Autrement dit, au nombre de plans séquences à tourner, le réalisateur et son équipe sont depuis longtemps passés chez la voisine pour mettre en boite sa mousse au chocolat minute….
Je ferai jamais carrière dans le dessin animé gastronomique… sniff….
Bon…
J’avais commandé une jolie poule. Bien fermière. Une poule appétissante qui attendait au frigo qu’une âme charitable l’honore et la cuisine. (Rooohhh bon… oui… si vous avez les idées mal tournées vous pouvez, c’est vrai, mal interpréter mes propos, mais bon… considérez qu’actuellement, mon esprit est à mille lieux de partager ici quelques propos grivois. Donc assumez ! je dégage toute responsabilité d’une quelconque interprétation malvenue !)
Revenons à ma poule.
Quelques légumes, et l’envie que ce soit simple. Compte tenu de mon mode de vie au ralenti, la poule au pot version simplifiée m’allait bien.
Allez, en quatorze dessins, j’attrape quelques légumes, ma planche à découper, mon couteau de cuisine, deux ou trois saladiers et je m’installe à la Romaine, sur mon canapé, sous le regard dubitatif de Clémence…
« – Heu… Tu vas couper les légumes sur le canapé ?
– Oui…
– Heu… Tu es sûre que tu vas y arriver ?
– Non
– Heu… Tu crois pas que tu vas en mettre partout ?
– Je sais pas.
– Tu veux que je t’aide ?
– Non merci, je ne veux pas que tu te coupes.
– Ok…. T’es obligé de préparer des légumes ?… J’aime pas les légumes….
– ……………………. »
Pour les photos, soyez charitables… J’ai à peine le temps d’en prendre deux ou trois avant de m’écrouler… Donc leur qualité est quelque peu médiocre, malgré mes tentatives de les « traficoter » en Photoshop pour leur donner un peu plus de présence…
Notez au passage ces magnifiques épluchures, preuves incontestables que J’AI bien cuisiné ma poule au pot malgré mon triste état, et qu’à ce titre, quiconque aurait critiqué mon plat se serait vu condamner à se nourrir chez « Maquedo » ou ses concurrents à tous les repas et jusqu’à la fin de ses jours.
Ça rigole plus.
Clémence a osé un :
« – Tu photographies ça ?… C’est pas très joli…. D’habitude, tu photographies pas ça….
– Mouais, ben je photographie ce que je veux. Je les trouve très jolies ces épluchures. Ce sont de vraies épluchures de vrais légumes. Après on mange les légumes sans remercier les épluchures de nous avoir permis d’apprécier ce qu’y avait dedans……………. »
Regard de Clem quelque peu inquiet… (Décidément ma mère, depuis qu’elle a mal au dos…………)
Ma poule était vidée, bridée, et je n’ai pas eu le courage de la farcir façon royale. Rincée, puis déposée sur son lit de légumes épluchés et coupés en morceaux (carottes, navets, poireaux, oignons piqués de clous de girofle, feuilles de laurier… ) dans une cocotte remplie d’eau froide de manière à la recouvrir complètement.
Portez à ébullition douce et écumez si nécessaire le plus gros de l’écume se formant en surface.
Comptez une heure trente de cuisson sur feu doux, et salez généreusement à mi cuisson.
Attention tout même, la chair de la viande ne doit pas se désagréger donc suivant le poids de la poule, adaptez le temps de cuisson et laisser de toutes façons l’ensemble sur feu tout doux.
Retirer ensuite la poule du bouillon, retirer sa peau et remettez la poule au chaud dans le bouillon pour ne pas que sa chair se dessèche. Débarrassez les légumes égouttés dans un grand bol.
Alors cette poule au pot, on peut la manger comme ça, avec ses tendres morceaux, ses petits légumes fondants, version naturellement diététique. Un filet d’huile d’olive sur l’ensemble si on le souhaite.
Mais là, vous n’avez pas le regard de mes filles sur grand écran, telles des Cosettes à qui les Ténardier auraient jeté de vagues croutons de pain trempés dans du lait rance. Ce regard là, si vous êtes humain, vous ne vous y faites pas.
Même si elles sont diablement difficiles.
Même si parfois, je ferais volontiers la grève de la cuisine en allant manger toute seule chez Maquedo.
Alors à part, préparer un riz que vous aimez. J’ai opté pour un riz complet que j’ai un peu trop laissé sur le feu. Pas assez ferme à mon goût…
Et puis une petite crème, que l’on peut appeler sauce suprême.
Pour le roux : 80 gr de beurre et 80 gr de farine.
On mélange le tout sur feu doux, de manière à obtenir un ensemble homogène que l’on dessèche légèrement sur le feu. Puis on laisse refroidir.
Ensuite, on remet sur le feu en ajoutant une par une, quelques louches de bouillon chaud, peu à peu, en mélangeant constamment à l’aide d’un fouet pour donner peu à peu de l’épaisseur et obtenir l’équivalent d’un velouté.
Le jus d’un citron si on le souhaite, quelques dés de beurre froid que l’on incorpore à la sauce, toujours au fouet.
On goûte. Un peu de sel et de poivre du moulin.
A servir bien chaud, avec du riz, quelques légumes et la viande nappée de sauce, façon blanquette.
Après l’épreuve de la poule au pot… je ne sais pas… j’hésite… Saut à l’élastique ? Parachutisme ?
Le compte à rebours commence avant mon tête à tête avec le bistouri du chirurgien…
C’est l’épreuve suivante.
L’a pas intérêt à me louper celui-là, sinon… je suis prête à revenir le hanter toutes les nuits et à lui jeter les sorts les plus épouvantables ! Je jure Docteur que si tu fais pas attention à mon dos quand tu vas y toucher ou si ton anesthésiste oublie de faire la sieste avant de bien s’occuper de moi, le moindre de vos carrés de chocolat à tous les deux, dégustés avec le café de deux heures aura un goût de mauvais saucisson, le bon pain du dimanche vous donnera l’impression de mâcher du plastique au Bisphénol A et la bûche de Noël aura l’apparence d’une vielle oreille de cochon confite !
Alors attention ! On ne plaisante pas ! Et on organise aussi l’accueil des deux pitbulls dont je compte bien que vous me débarrassiez…
Et si vous pouviez éviter qu’ils aillent s’installer chez quelqu’un d’autre, ce serait cool… parce que c’est une sacrée cochonnerie cette HD….
Ah puis j’oubliais ! Le bouillon qui reste, on le garde ! On le clarifie en le filtrant et on le met au congélateur pour une utilisation ultérieure !
(Pffff… Nat, elle part dans tous les sens ces temps-ci. C’est péniiiiiiiiible……)
16 Commentaires
HERNIE SOIT QUI MAL ….
Un colom…dos aurait été le bienvenu, pardon, ne prenez pas de Nat.
Voilà, malgré les maux et avec les mots, un plat qui caresse l’âme et l’estomac avec la même sincérité.La poule au pot sera donc votre plat de départ à la remise en forme.
Vous allez gagner un lieu où l’on prendra soin de vous comme vous prenez soin des autres, votre hernie ne sera q’un mauvais plat oublié et vous pourrez bientôt courir comme un poulet de Bresse sans y laisser les pattes et autres sot l’y laisse. Vous aboierez au confort retrouvé et narguerez les pitbull. Ayez confiance au bistouri, il sait parler aux maux. Les trois semaines qui suivront ne seront pas les plus abouties, mais tout revient en douceur.Bien sûr, oubliez la table,le mal de mère et contentez-vous du paradis des restes.
Prenez aussi le temps, de penser aux futures recettes que vous nous offrirez. En attendant, on apprendra les gestes qui sauvent la cuillère à droite, la fourchette à gauche…et toutes nos pensées.
BON COURAGE
J-L
Jean-Louis : merci pour vos mots et vos pensées. Encore quelques semaines devant moi avant le bistouri. Mais les jours filent et se ressemblent. J’aimerai être à demain, à après, à ensuite, passer à autre chose en étant rassurée. C’est ce qui me fait le plus défaut en ce moment…
En tout cas une chose est sûre, tu souffres mais tu n’a pas perdu ton humour. J’imagine fort bien ton état d’esprit, devoir passer sur le billard n’est jamais agréable et quand en plus on souffre sans arrêt en attendant l’intervention, ça n’arrange rien. Je te souhaite bon courage en espérant que tout aille mieux le plus rapidement possible.
Choupette : je le perds de plus en plus souvent… Merci de ton message et pour tes souhaits. 🙂
Chapeau bas pour ces notes d’humour, cette conviction que régaler son entourage peut vous faire faire des prouesses et tout ça malgré ces attaques de mâchoires de pitbulls… On ne se connait pas mais j’apprécie toujours vos mots et vos photos et encore plus particulièrement celle des épluchures de légumes car j’imagine assez bien la scène avec les interrogations des enfants devant leur mère qui ne veut pas lâcher le morceau, sans mauvais jeu de mot !!! Allez, bises d’encouragement…
Cécile : merci pour ce message et je prends bien volontiers toutes les bises d’encouragement que l’on m’adresse, même si l’on ne se connait pas ! Autant de petits rayons de soleil dans mes journées ! 🙂
bonjour Nat!
la bonne odeur de bouillon m’a fait entrouvrir votre porte, juste pour vous saluer, elle m’a l’air pas mal du tout cette poule au pot, petite photo originale…
petites bises d’encouragement!
Nelly : je savais bien qu’elle embaumait cette poule au pot… 😉
Ravie de vous lire chère Nelly…
A bientôt..
Encore une recette que je vais faire en pensant à vous… et puis ce mal de dos, il y en a assez ! Le bistouri va en avoir la raison ! Tous ces questionnements et cette attente seront très bientôt qu’un mauvais souvenir pansés par une foule d’idées et de recettes ! Je suis certaine qu’on ne pourra même pas vous suivre ! mille bisous au basilic Nat !
Virginie : merci de ce message au basilic ! Il me réconforte en ces temps de disgrâce physique et me donne bien envie, effectivement, de me projeter plus loin… après…
Que tout ceci ne soit plus qu’un mauvais souvenir et que pains, poule au pot, crêpes et basilic reprennent le chemin de ma cuisine en un seul dessin…
Je vous ai découverte il y a peu et votre sensibilité me touche. Les blogs…c’est bien mais à la longue, beaucoup se ressemblent et l’impression de toujours relire des articles vantant le même produit. « vous » êtes différente et cela fait la différence, la lecture soudainement devient moins monotone. J’aurai une question à vous poser concernant une activité que nous avons en commun mais je ne veux pas vous ennuyer car je sais que vous êtes au repos. Me permettez vous de vous recontacter. Merci d’avance et bien à vous. Sandrine
Sandrine : vous pouvez me contacter sur mon adresse mail : nathjulien@yahoo.fr
Je viens de découvrir ton blog, et j’aime autant tes recettes que ta façon de les présenter!
Bon courage!! Je te souhaite un prompt rétablissement!
Marianne : merci ! 🙂
une petite pensée pour vous Nat..bon dimanche!
Nelly : merci pour ses pensées…. Bon dimanche à vous…